Menaces des criquets pèlerins en Afrique de l'Ouest

 

Invasion de criquets pèlerins : 40% des pâtures seraient déjà touchées en Afrique de l'Ouest

Nations Unies, New York, 17 septembre 2004 - L'invasion de criquets pèlerins qui détruit déjà les récoltes en Mauritanie, au Sénégal, au Mali et au Niger malgré les moyens de lutte mis en place, devrait s'aggraver et menace l'Afrique du Nord-ouest à partir d'octobre, prévient l'agence de l'ONU pour l'alimentation et l'agriculture qui indique avoir reçu 5 millions de dollars sur les 24 promis par les donateurs.

 

Selon les rapports des pays, jusqu'à 40% des pâturages et 10% des légumineuses ont été ravagés jusqu'ici et l'infestation d'une ampleur inhabituelle met en péril une bonne partie de la récolte d'été, selon Keith Cressman, chargé de l'information acridienne à l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), cité dans un communiqué de l'agence.

 

Il indique toutefois que trop peu d'informations fiables au niveau régional sur les dégâts aux cultures sont actuellement disponibles pour permettre de prédire si des famines auront lieu ou pas en Afrique de l'Ouest, précisant cependant que les communautés locales dans les pays affectés ont cependant déjà été sérieusement touchées et pourraient avoir besoin d'assistance.

 

Les équipes d'évaluation de la FAO doivent se rendre dans les pays affectés en octobre pour recueillir des informations précises sur les pertes subies par les agriculteurs.

Une tonne de criquets pèlerins (soit une petite fraction d'un essaim moyen) consomme, en un jour, autant de nourriture que 2 500 personnes environ. Extrêmement prolifique, cet insecte ravageur des plantes voit ses effectifs multipliés par dix d'une génération à l'autre.

 

« Le succès des opérations de lutte en Afrique de l'Ouest sera crucial pour écarter la nouvelle menace qui pèse sur les pays du Maghreb », indique Keith Cressman. Il ajoute que l'étendue de l'invasion acridienne en Afrique du Nord-Ouest pourrait être plus grande qu'au printemps dernier.

A ce jour, les pays donateurs ont approuvé un total de 24 millions de dollars, dont seulement 4 millions ont été reçus par la FAO.

 

L'Organisation a fourni 5 millions de dollars sur ses ressources propres. Ces montants ne représentent qu'une faible part des besoins pour la campagne antiacridienne, estimés par la FAO à 100 millions de dollars.

Les pays touchés par la recrudescence acridienne ont contribué au financement de la campagne. Ils ont également reçu une assistance conséquente de leurs voisins.

 

A l'heure actuelle, la FAO aide onze pays à contrer la recrudescence acridienne. L'Organisation a déjà livré quelque 300 000 litres de pesticides pour une valeur d'environ 1,7 million de dollars. En outre, 490 000 litres d'une valeur de 3,2 millions de dollars doivent encore être livrés d'ici la fin du mois.

Dans le cadre de la campagne antiacridienne, la FAO indique qu'elle encourage et promeut des modes d'utilisation des pesticides visant à ne pas nuire à la santé humaine ni à l'environnement et annonce que la FAO expérimentera bientôt des biopesticides dans trois régions de la Mauritanie.

 

Les dépenses affectées aux traitements et équipements de sécurité, vêtements de protection, systèmes de communication satellitaire et radio ainsi qu'aux véhicules s'élèvent à un million de dollars.

Deux avions ont été loués pour les traitements aériens en Mauritanie et deux autres au Mali pour un coût total de près de 750 000 dollars, précise l'agence qui ajoute que des fonds supplémentaires sont urgemment requis pour la location d'avions de même type dans d'autres pays affectés.

 

Les bandes larvaires se développent rapidement dans tous les pays affectés, indique-t-elle, et les essaims de la première génération estivale ont déjà commencé à se former en Mauritanie et au Niger.

Un nombre important d'essaims va se former au cours des prochaines semaines dans le Sahel, en Afrique de l'Ouest. Les essaims, formés de milliards de criquets pèlerins, s'étirent souvent sur des dizaines de kilomètres.

Certains de ces essaims pourraient envahir à nouveau le Sénégal et se déplacer plus au Sud vers la Gambie, la Guinée Bissau et probablement la Guinée d'ici la fin de l'année. Toutefois, la majorité des essaims devrait se déplacer vers l'Ouest et le Nord-Ouest de la Mauritanie et s'y reproduire.

La menace d'une nouvelle invasion de l'Afrique du Nord-Ouest est bien réelle. Elle serait même de plus vaste amplitude que celle du printemps 2004, avertit la FAO.

 


Criquet pèlerin: l'Afrique du Nord-Ouest toujours sous la menace alors que la situation se détériore dans le Sahel

Récoltes menacées en Afrique de l'Ouest malgré l'intensification de la lutte; réaction des bailleurs de fonds toujours lente

17 septembre 2004, Rome -- La crise provoquée par la recrudescence acridienne en Mauritanie, au Sénégal, au Mali et au Niger devrait s'aggraver au cours des prochaines semaines et le risque est grand de voir l'Afrique du Nord-Ouest envahie de nouveau par les essaims de criquet pèlerin à partir d'octobre, met en garde la FAO.

FAO/G. Diana

Des criquets pèlerins dévorant la végétation au Maroc

"La dimension de l'invasion acridienne en Afrique du Nord-Ouest pourrait être plus grande qu'au printemps dernier", selon Keith Cressman, chargé de l'information acridienne à la FAO.

"L'étendue de la nouvelle invasion dans les pays du Maghreb à partir du Sahel dépendra du succès des opérations de prospection et de lutte en cours en Afrique de l'Ouest et de la pluviométrie - quantité, répartition et fréquence - dans les prochains mois. Le succès des opérations de lutte en Afrique de l'Ouest sera crucial pour écarter la nouvelle menace qui pèse sur les pays du Maghreb", ajoute M. Cressman.

 

Menace sur les récoltes

Selon les estimations, trois à quatre millions d'hectares sont infestés par le criquet pèlerin en Afrique de l'Ouest. La Mauritanie est le pays le plus touché avec environ 1,6 million d'hectares infestés. Jusqu'ici, près de 300 000 hectares ont été traités dans la région au cours de l'été. Le rythme de l'offensive contre le criquet pèlerin devrait s'accélérer considérablement grâce à l'augmentation des capacités de traitement aérien.

On s'attend à une récolte d'été record en Afrique de l'Ouest. "Une bonne partie de cette récolte est à risque du fait d'importantes et inhabituelles infestations", met en garde M. Cressman. Selon les rapports des pays, jusqu'à 40 pour cent des pâturages et 10 pour cent des légumineuses ont été ravagés jusqu'ici.

Toutefois, on ne dispose pas encore d'assez d'informations fiables au niveau régional sur les dégâts aux cultures, qui permettraient de prédire si des famines auront lieu ou pas en Afrique de l'Ouest. Les communautés locales dans les pays affectés ont déjà été sérieusement touchées et pourraient avoir besoin d'assistance. Les équipes d'évaluation de la FAO doivent se rendre dans les pays affectés en octobre pour recueillir des informations précises sur les pertes subies par les agriculteurs.

Un essaim, transporté par les vents, peut parcourir jusqu'à 200 kilomètres par jour. Une tonne de criquets pèlerins (soit une petite fraction d'un essaim moyen) consomme, en un jour, autant de nourriture que 2 500 personnes. La durée de vie du criquet varie de trois à six mois. Extrêmement prolifique, cet insecte ravageur des plantes voit ses effectifs multipliés par dix d'une génération à l'autre.

Assistance internationale

A ce jour, les pays donateurs ont approuvé un total de 24 millions de dollars, dont seulement 4 millions ont été reçus par la FAO. L'Organisation a fourni 5 millions de dollars sur ses ressources propres. Ces montants ne représentent qu'une faible part des besoins pour la campagne antiacridienne, estimés par la FAO à 100 millions de dollars. Les pays touchés par la recrudescence acridienne ont contribué au financement de la campagne. Ils ont également reçu une assistance conséquente de leurs voisins.

A l'heure actuelle, la FAO aide onze pays à contrer la recrudescence acridienne. L'Organisation a déjà livré quelque 300 000 litres de pesticides pour une valeur d'environ 1,7 million de dollars. En outre, 490 000 litres d'une valeur de 3,2 millions de dollars doivent encore être livrés d'ici la fin du mois.

Un million de dollars ont été dépensés pour les traitements et les équipements de sécurité, les vêtements de protection, les systèmes de communication satellitaire et radio ainsi que les véhicules. Deux avions agricoles ont été loués pour les traitements aériens en Mauritanie et deux autres au Mali pour un coût total de près de 750 000 dollars. Des fonds supplémentaires sont requis de toute urgence pour la location d'avions de même type dans d'autres pays affectés.

L'évolution de la situation

Une reproduction de grande envergure s'est produite au cours des deux derniers mois en Mauritanie, au Sénégal, au Mali, au Niger et, dans une moindre mesure, au Burkina Faso. Une reproduction de moindre ampleur est en cours au Cap-Vert et au Tchad. Les bandes larvaires se développent rapidement dans tous les pays affectés et les essaims de la première génération estivale ont déjà commencé à se former en Mauritanie et au Niger, selon la FAO.

Au Soudan, une reproduction à petite échelle se poursuit dans le Nord-Kordofan. Il n'y a eu aucune signalisation d'infestation de criquet pèlerin dans le Darfour.

Un nombre important d'essaims va se former au cours des prochaines semaines dans le Sahel, en Afrique de l'Ouest, indique M. Cressman. Les essaims, formés de milliards de criquets pèlerins, s'étirent souvent sur des dizaines de kilomètres.

Certains de ces essaims pourraient rester sur place et se reproduire au cours des deux prochains mois alors que d'autres pourraient envahir à nouveau le Sénégal et se déplacer plus au sud vers la Gambie, la Guinée-Bissau et probablement la Guinée d'ici la fin de l'année. Toutefois, la majorité des essaims devrait se déplacer vers l'ouest et le nord-ouest de la Mauritanie et s'y reproduire.

La menace d'une nouvelle invasion de l'Afrique du Nord-Ouest est bien réelle. Elle serait même de plus vaste amplitude que celle du printemps 2004, avertit la FAO.

Un grand nombre d'essaims émigreront, selon toute probabilité, d'Afrique de l'Ouest vers le nord-ouest de l'Afrique. A partir d'octobre, ils arriveront dans le nord-ouest de la Mauritanie, l'ouest du Sahara et le sud du Sahara en Algérie, puis se déplaceront progressivement vers le nord à partir de novembre. Quelques essaims devraient également apparaître dans le sud-ouest de la Libye.

Les essaims pourraient effectuer rapidement leur maturation et pondre en novembre si des pluies ont lieu dans les zones sus-mentionnées.

Si les conditions météorologiques sont favorables, les essaims pourraient atteindre les aires de reproduction printanière le long des versants sud des monts Atlas, au Maroc et en Algérie ainsi que dans le sud de la Tunisie et l'ouest de la Libye, entre octobre 2004 et mars 2005.

Pesticides

La FAO, dans le cadre de la campagne antiacridienne, encourage et promeut les efforts visant à l'utilisation des pesticides de manière à ne pas nuire à la santé humaine ni à l'environnement. L'Organisation conseille ses Etats membres sur les bonnes pratiques en matière de pesticides et rappelle, à cet égard, que les produits utilisés contre les criquets pèlerins se dégradent généralement au bout d'une semaine.

La FAO suit de près la recherche concernant les agents de lutte biologique plus respectueux de l'environnement mais dont l'efficacité n'a toutefois pas encore été démontrée en situation d'urgence. On annonce que la FAO expérimentera bientôt des biopesticides dans trois régions de la Mauritanie.

Une fois les opérations de traitement terminées, la FAO entreprendra le nettoyage, la collecte et la destruction des fûts de pesticides. Des efforts sont et seront également déployés pour empêcher toute accumulation de pesticides non utilisés.

Grâce à la FAO, un institut scientifique à Dakar, au Sénégal, offre une formation en matière d'impact environnemental des pesticides dans les pays affectés.


Distribution - La poussée des supermarchés en Afrique menace les petits producteurs (FAO)
09 octobre 2003  " Les petits producteurs d'Afrique risquent d'être balayés du secteur agricole par la poussée des supermarchés à moins qu'ils ne puissent prendre part à ce nouveau marché ", met en garde la FAO dans un communiqué.

Dans un rapport présenté lors d'un atelier organisé par la FAO sur la mondialisation, l'urbanisation et les systèmes alimentaires dans les pays en développement, l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture rapporte que le professeur Thomas Reardon, de l'Université de l'Etat du Michigan, a en effet soutenu "que la prolifération rapide des supermarchés en Afrique orientale et australe est en train de transformer les systèmes alimentaires, colonnes vertébrales de l'économie de plusieurs pays en développement".

Les modifications de l'approvisionnement et de la distribution des produits dans des pays tels que l'Afrique du Sud, le Kenya, le Zimbabwe, la Zambie, la Namibie, le Botswana et le Swaziland auront un impact direct sur la vie de millions de petits producteurs, selon lui, et pourraient leur faire abandonner l'agriculture à moins qu'ils ne soient capables de répondre aux demandes des supermarchés.

"Malgré l'image traditionnelle du supermarché associé à la classe moyenne, le modèle de la grande surface se répand dans les centres urbains et même dans les villes rurales d'Afrique, permettant un ravitaillement rapide des citadins pauvres" indique la FAO.

En Afrique du Sud, par exemple, les supermarchés comptent déjà pour plus de 55% des points de vente de produits alimentaires et leur impact est dès à présent perceptible sur le marché des fruits et légumes dans la région, un marché qui semble s'être fondu dans un seul et grand ensemble.

Selon la FAO, le nombre de supermarchés a explosé dans certaines parties de l'Afrique australe et orientale ces cinq à dix dernières années. Le Kenya, à lui seul, a quelque 200 supermarchés et 10 hypermarchés qui équivalent dans leurs ventes à quelque 90 000 petits commerces et comptent pour plus de 30% des commerces alimentaires dans le pays. Dans ce même pays, les supermarchés achètent déjà trois fois plus de produits aux agriculteurs locaux que le Kenya exporte au reste du monde.

Propulsée par les forces de la mondialisation et de l'urbanisation, l'augmentation des supermarchés dans le monde en développement est cependant une réalité inévitable, selon un économiste de la FAO, Kostas Stamoulis.

Au cours de l'année 2000, près de deux milliards de personnes vivaient dans des villes et ce nombre devrait plus que doubler d'ici 2030, selon les chiffres des Nations Unies. Un nombre toujours plus important de citadins dépendront des supermarchés plutôt que des marchés alimentaires traditionnels pour leur principale source d'approvisionnement.

Aussi, selon la FAO, les agriculteurs ont besoin des ressources et de la formation nécessaires pour participer activement à un marché intérieur en transformation rapide.

A cet effet la FAO juge nécessaires : une aide à l'organisation de coopératives et d'associations efficaces afin de pouvoir produire les volumes nécessaires pour approvisionner un supermarché; des crédits pour obtenir les technologies nécessaires afin d'être en mesure de satisfaire aux standards élevés de qualité et de sécurité alimentaire exigés; une diffusion des connaissances pour placer les agriculteurs dans une plus forte position dans des négociations complexes.

M. Stamoulis a déclaré que l'expansion des supermarchés devrait également être considérée comme une opportunité pour les petites entreprises et les agriculteurs, à condition qu'on leur donne la possibilité d'y participer. Selon lui l'invasion des supermarchés améliorera les standards de qualité et de sécurité des aliments vendus localement puisque les agriculteurs s'évertueront à satisfaire aux standards imposés par les supermarchés pour le marché domestique. Augmenter la qualité des produits vendus sur le marché intérieur facilitera, en outre, les exportations du pays. Toujours selon Kostas Stamoulis les supermarchés pourraient représenter un marché stable et fiable pour les produits des agriculteurs, dynamiser l'emploi dans les villes et leurs banlieues en créant des emplois dans le transport et la distribution et, grâce aux économies d'échelle, améliorer la qualité et diminuer les prix de la nourriture pour les populations urbaines.

Cependant, l'économiste convient également que des emplois risqueraient également d'être supprimés en cours de route, l'effet net variant au cas par cas.  A.F.

Source : © Milfeuille Presse

© Africonomie®  Agriculture (2004)